Sunday, September 06, 2015

Etre un disciple

Si l'on me demandait ce qui est requis pour devenir un disciple, voici ce que je dirais :

Si vous le souhaitez vraiment, alors vous l'êtes déjà. C'est inconditionnel, comme juste s'asseoir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre écart entre cela et vous.
Cela peut prendre une vie pour en saisir et en vivre toutes les implications mais disons que si vous voulez être le disciple du Bouddha, il vous suffit de prendre la forme de la montagne assise avec tout votre corps et votre esprit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre écart entre cela et vous. Vous asseoir jusqu'à ce que le Zen vous assoie, jusqu'aux os.
Complètement.
Encore et encore, et sans fin.
Être disciple c'est coudre la robe du Bouddha, la robe faite de tissu et de fil, mais aussi celle faite des relations et connections dans toutes les directions : la famille, le boulot, les amis, et tout les existants (de la poussière à l'étoile).
Et ce dans les quatre directions et les trois temps.
Oui, c'est beaucoup.
Mais c'est possible une chose à la fois: disons simplement que prendre soin d'une chose suffit pour que tout soit touché dans les innombrables directions.
Être un disciple c'est être prêt à faire face au miroir ultime, pas celui du maître ou du gourou, mais celui de votre nature originelle qui ne pas vous laisser vous abuser et vous enivrer avec votre stupidité, votre arrogance ou vos illusions . Être disciple c'est être capable d'avoir tort face à soi-même et arrêter toute forme de mensonge. Vous êtes une merde comme n'importe qui d'autre et vous êtes aussi un joyau d'une ineffable beauté.
Et vous commencez avec ça.
Être un disciple ne requiert rien de spécial, l'esprit qui ne sait pas libre de toute attente. 
Ouvert sur l'ouvert.
Être un disciple c'est perdre : pas l'argent, ni les pensées (elles reviennent toujours), ni même les illusions (innombrables selon notre chant) mais vous perdre.
Perdre tout de vous.
Jusqu'à la plus infime goutte de sang, de sperme ou de salive, mêmes les os.
Tout perdre.
Qu'est-ce qui reste alors?
Et s'il y a encore quelqu'un pour se poser cette question, comment l'oublier?
(chacun dans ce monde veut être reconnu, que les gens se souviennent de soi, les disciples du Zen travaillent à l'effacement des traces, ils volent comme les oiseaux et frayent comme les poissons, il est vachement dur de suivre les traces laissées par ces existences là, je veux dire les oiseaux et les poissons).
Être disciple c'est s'asseoir en sesshin, faire des retraites.
Étudier avec les maîtres : les enfants, les gens ordinaires, les soi-disants maitres Zen (pas si bons que ça, d'ailleurs), étudier la vie telle quelle.
L'ainsité.
Quand vous êtes fatigué, vous dormez, si vous avez soif, vous buvez. Faites une ou deux retraites par an et ne vous trompez pas au sujet du type qui porte la plus belle robe: ne le suivez pas mais suivez ce qu'il suit, lui. Il est votre doigt qui montre la lune. Depuis le commencement, il n'y a rien d'autre que la lumière de la lune. Si les gens vous disent le contraire, laissez-les. 
Ici, nous sommes tous éveillés!
Être disciple c'est ne plus se prendre la tête avec le Zen et vivre votre vie. Rien que toute votre vie. Pas la vie d'un ou d'une autre. La vôtre.

Et c'est pas si facile.

Prenez Grand Soin de vous.



Thursday, January 30, 2014

poem for Nishijima

Eternal bows to Nishijima
alive or dead
for us is one, and not two
and yet
it is also tears of joy or sadness

eternal bows to Nishijima
for being brave and bold here and now
to give fools like me, like you
a single flower

bowing in bowing
sweet , so sweet
traces vanished

yet
this is real

this is real

Sunday, January 12, 2014

faire tourner

sur le chapitre la fleur d'Udumbara du Shobogenzo,

Touner, faire tournoyer avec espièglerie et energie la Roue
jouant avec la fleur sur le Mont des vautours
le Bouddha fait tourner et tournoyer la réalité telle qu'elle
de la plus lointaine des galaxies
a la couleur meme de tes yeux
les vignes tordues et tournoyantes
chemin- tresor qu'il faut parcourir
un, deux, trois, quatre
les fleurs ne font pas le printemps
le printemps ne peut etre peint
mais élevé
et dans l'être
il vous trempe les os
de son subtil parfum
il ne saurait être entr'aperçu
tournoyant sans fin
en tant que nous-memes


Twirling

Twirling, dynamic and playful twirling of the Wheel
Toying with a flower of Vulture Peak
Buddha turns and twirls reality as is
From the most distant galaxy
To the very color of your eyes.
Twisted twirling vines
Treasure trail to tramp
One, two, three, four
Flowers don't make Spring
Spring cannot be painted
But risen
But in being
It soaks the bones with
Subtle fragrance
It cannot
Even be seen
Whirling away
As ourselves




Saturday, December 28, 2013

Vieux- jeune koan


Pour Joko, la traduction d'un vieux koan de notre école Soto et mon modeste commentaire.

Quand Kishizawa Ian, le deuxième maitre de Suzuki Roshi, était un jeune moine, il était assis en méditation un jour pluvieux et a entendu le son d'une cascade éloignée. Alors un han de bois a été frappé. Il s'est rendu chez son maitre (peut-être Oka Sotan) et a demandé, "qu'est l'endroit  où le son de la pluie, la cascade et le han se rencontrent ?" Son maitre répondit, "la véritable éternité coule toujours ." Et ensuite il a demandé, "qu'est-ce que cette vraie éternité qui coule toujours ?" "Elle ressemble à un miroir brillant, constamment lisse," rétorqua le maitre. "Y a-t-il quoi que ce soit au-delà de cela ?" a demandé le jeune moine. "Oui," a répondu le maitre."Qu'est-ce qui est au-delà de cela?" a demandé le jeune moine. Et son maitre a répondu, "Brise le miroir, viens et je t'y rencontrerai."


cet idiot de Taigu rétorque:

Tout ce qu'il reste à briser  c'est l'idée d'un ici et d'un là séparés
Rien de saint, tout est joyeux, comme le dit  la bonne vieille barbe rouge

Voile de pluie
Echo du han de bois
La bruine humide trempe tout

Que nous faisions ou brisions un miroir,
comment pourrions-nous avoir jamais été  séparés ?

Dans le sceau de l'esprit
dix mille gouttelettes et sons
tourbillonnent
Cela s'élève
Ils s'élèvent
Que reste-t-il a briser?

A toi, maintenant!...

Friday, December 20, 2013

Le shobogenzo traduit par Yoko Orimo: une triste trahison

Il importe ici de rétablir une vérité et d'affirmer clairement ce que quelques uns ont déjà compris: voici le travail d'une intellectuelle fervente mais égarée: la traduction est pompeuse, absconse, le style infiniment ampoulé emprunt de byzantinisme cultive fausse érudition et se perd en inutiles circonvolutions. La personne ne sait pas écrire et l'éditeur n'a certainement pas fait son travail. Vous aurez dans un voile de fumée impénétrable, un charabia philosophique misérable et pauvre, car là est bel et bien le problème: il ne suffit pas de se complaire dans l'amphigouri précieux pour faire sens, d'accumuler notes et savantes paraphrases pour incarner le courant dansant de pensée et l'écrit d'éveil du jeune abbé de Koshoji, ces gâteaux de riz ne vous rassasieront pas.  Dogen n'est pas là, Dogen est trahi. Les exemples abondent à chaque page et j'ai constamment l'impression de lire un autre texte, si vous vous mesurez à l'original, vous pourrez constater l'étendue de la méprise et du mensonge. Et ce travail est bien pâle si vous le comparez à l'excellence du travail de Mike Cross et de Nishijima roshi d'une limpidité exemplaire  ou encore la merveilleuse traduction de Kaz Tanahashi qui ne sacrifie pas la clarté tout en préservant la dimension poétique et métaphorique. Il est vrai que la traduction improvisée et approximative mais tellement enthousiaste de Taisen Deshimaru a plus de justesse et de clarté que cette masse d'insupportable pédanterie. Passez votre chemin, vous gaspillerez ici un temps précieux et, malheureusement, le sens réel du texte n'apparaitra que trop rarement. La grande traduction française du Shobogenzo est à venir. Avis aux amateurs éclairés!

Tuesday, December 17, 2013

koku

Wonderful space
Neither inside nor outside,
When you're not there
Then the ten thousand things move forward
And an edgeless iris opens
And turns a simple plum blossom
Opening the open
This
The body of a bell tinkling in the wind
Dindin dindin dindin
The ancient poem of Nyojo
Expresses it so well
Nothing that is not it
And nothing to make, neither words nor forms
The vast space is both matter and seal
Presence undone of itself
Our real body open like a mouth
Hanging in space

Koku

Réponse à Joko,
Écrit dans le train du matin...

Merveilleux espace
Ni dans le dedans ni dans le dehors,
Quand tu n'es pas la
Alors les dix mille existences s'avancent
Et s'ouvre une prunelle sans bord
Et tourne une simple fleur de prunier
Ouvrir l'ouvert
Ainsi
Le corps tintant d'une clochette dans le vent
Dindin dindin dindin
Le poème ancien de Nyojo
Le dit si bien
Rien qui ne soit cela
Et rien à fabriquer, ni mots, ni formes
Le vaste espace est à la fois sceau et matière
Présence défaite d'elle-même 
Notre vrai corps ouvert comme une bouche
Pendu dans l'espace



Gassho

Taigu

Wednesday, December 11, 2013

Three rocks sonnets from Myozan Kodo

Just finished reading these 108 songs and the treasure chest is wild open. Journey with its moments, faces from yesterday and closer, rags chewed by time and light, panels of the boundless robe.
Thank you, brother.

Improvised song for Myozan

Truly wonderful mountain.
When I gave you this name
I could catch a glimpse
Of this selfless poor majesty
Whispering with birds and brooks
Cloaked in clouds, mists and insect racket
I could see the treasure in the pebble
The staff in the twig
The robe in the green foliage
The first time we met
I knew the taste of mountain
Beyond doubt and time and space
A whole embracing body
Being sat
And
Welcoming
All things.
The sharp edge of its rocks
Shimmering in Kannon' s light
Living poems thrown in the wind
A place rustling with poets of old
Faces and places crossed and freed
I could see the suffering of your child
Your suffering in Mara' s dance
When you first disappeared
I could follow your footsteps in the blind night
Mountain walking
Mountain sitting
Mountain singing
Just-being-Mountain


Nine bows

Priest Taigu